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terça-feira, 29 de janeiro de 2013

Sables mouvants

Saharoza



Démons et merveilles 
Vents et marées 
Au loin déjà la mer s'est retirée 
Démons et merveilles 
Vents et marées 
Et toi 
Comme une algue doucement caressée par le vent 
Dans les sables du lit tu remues en rêvant 
Démons et merveilles 
Vents et marées 
Au loin déjà la mer s'est retirée 
Mais dans tes yeux entrouverts 
Deux petites vagues sont restées 
Démons et merveilles 
Vents et marées 
Deux petites vagues pour me noyer. 



Jacques Prévert

terça-feira, 22 de janeiro de 2013

Chanson de l'oiseleur


Victoria Stoyanova


L'oiseau qui vole si doucement
L'oiseau rouge et tiède comme le sang
L'oiseau si tendre l'oiseau moqueur
L'oiseau qui soudain prend peur
L'oiseau qui soudain se cogne
L'oiseau qui voudrait s'enfuir
L'oiseau seul et affolé
L'oiseau qui voudrait vivre
L'oiseau qui voudrait chanter
L'oiseau qui voudrait crier
L'oiseau rouge et tiède comme le sang
L'oiseau qui vole si doucement
C'est ton coeur jolie enfant
Ton coeur qui bat de l'aile si tristement
Contre ton sein si dur si blanc


Jacques Prévert

sábado, 4 de agosto de 2012

Immense et rouge





Immense et rouge 
Au-dessus du Grand Palais 
Le soleil d'hiver apparaît 
Et disparaît 
Comme lui mon coeur va disparaître 
Et tout mon sang va s'en aller 
S'en aller à ta recherche 
Mon amour 
Ma beauté 
Et te trouver 
Là où tu es.


Jacques Prévert

sexta-feira, 3 de agosto de 2012

Alicante

Fabrizio R.


Une orange sur la table 
Ta robe sur le tapis 
Et toi dans mon lit 
Doux présent du présent 
Fraîcheur de la nuit 
Chaleur de ma vie.


Jacques Prévert

sábado, 7 de julho de 2012

Trois allumettes / Três fósforos




Trois allumettes une à une allumées dans la nuit
La premiére pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
Et l'obscuritè tout entière pour me rappeler tout cela
En te serrant dans mes bras.


Jacques Prévert


***


Três fósforos um a um acesos na noite
O primeiro para ver o teu rosto inteiro
O segundo para ver os teus olhos
O terceiro para ver a tua boca
E toda a escuridão para recordar tudo isso
Apertando-te nos braços

quarta-feira, 4 de julho de 2012

Cet Amour




Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au millieu de la nuit
Cet amour qu faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l’avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C’est le tien
C’est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelle
Et qui n’a pas changé
Aussi vrai qu’une plante
Aussi tremblante qu’un oiseau
Aussi chaude aussi vivant que l’été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort,
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marble
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi je l’écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s’aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Lá où tu es
Lá où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t’en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t’avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n’avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n’importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d’un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.


Jacques Prévert


***

Este amor
tão violento
tão frágil
tão terno
tão desesperado
este amor
belo como o dia
e mau como o tempo
Quando há mau tempo Este amor tão sincero
Este amor tão calmo e sereno
Tão feliz
Tão jovial
E tão pobre
Trêmulo como uma fagulha na escuridão
E tão seguro de si mesmo
Como um homem tranqüilo no mais fundo da noite
Este amor que assusta os demais
Que os faz falar
Que os faz empalidecer
Este amor vigiado
Porque nós o vigiamos
Acossado ferido pisoteado destroçado negado olvidado
Porque nós o acossamos ferimos pisoteamos destroçamos negamos olvidamos
Este amor íntegro
Tão vivo até agora
E pleno de sol
É o teu
É o meu
Esse que foi
Este algo sempre novo
E que não mudou
Tão verdadeiro como uma planta
Tão trêmulo como um pássaro
Tão cálido tão vivo como o verão
Ambos podemos juntos
Nos distanciar e retornar
Esquecê-lo
E depois dormirmos
Despertarmos padecer envelhecer
Dormirmos de novo
Sonhar com a morte
Despertarmos sorrir e rir
E rejuvenescer
Nosso amor segue ali
Obstinado como uma mula
Vivente como o desejo
Cruel como a memória
Absurdo como o arrependimento
Terno como as recordações
Frio como o mármore
Belo como o dia
Frágil como um menino
Nosso amor nos olha sorrindo
E nos fala sem dizer nada
E eu o escuto trêmulo
E grito
Grito por ti
Grito por mim
E te suplico
Por ti por mim por todos os que se amam
E os que se amaram
Sim lhe grito
Por ti por mim e por todos
Os que não conheço
Fica
Não te mexa
Não vá
Nós os que somos amados
Te esquecemos
Mas não nos esqueça tu
Só tínhamos a ti no mundo
Não permitas que nos tornemos indiferentes
Cada vez mais longe
E desde onde sejas
Dai-nos sinais de vida
Muito mais tarde desde o recanto de um bosque
Na selva da memória
Surge de repente
Estenda-nos a mão
E salva-nos

sexta-feira, 25 de novembro de 2011

Café da manhã

Daniel F. Gerhartz 

Pôs café
na xícara
Pôs leite
na xícara com café
Pôs açúcar
no café com leite
Com a colherzinha
mexeu
Bebeu o café com leite
E pôs a xícara no pires
Sem me falar
acendeu
um cigarro
Fez círculos
com a fumaça
Pôs as cinzas
no cinzeiro
Sem me falar
Sem me olhar
Levantou-se
Pôs
o chapéu na cabeça
Vestiu
a capa de chuva
porque chovia
E saiu
debaixo da chuva
Sem uma palavra
Sem me olhar
Quanto a mim pus
a cabeça entre as mãos
E chorei.


Jacques Prévert




Déjeuner du matin


Il a mis le café
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Avec la petite cuiller
Il a tourné
Il a bu le café au lait
Et il a reposé la tasse
Sans me parler
Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder
Il s'est levé
Il a mis
Son chapeau sur sa tête
Il a mis son manteau de pluie
Parce qu'il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder
Et moi j'ai pris
Ma tête dans ma main
Et j'ai pleuré.

Jacques Prévert

terça-feira, 18 de janeiro de 2011

Premier jour





Des draps blancs dans une armoire 
Des draps rouges dans un lit 
Un enfant dans sa mère 
Sa mère dans les douleurs 
Le père dans le couloir 
Le couloir dans la maison 
La maison dans la ville 
La ville dans la nuit 
La mort dans un cri 
Et l'enfant dans la vie.


Jacques Prévert

sábado, 15 de janeiro de 2011

Para pintar o retrato de um pássaro

fotografia de Angélica Rodrigues

POUR FAIRE LE PORTAIT D’UN OISEAU
A Elsa Henriquez

Peindre d’abord une cage
avec une porte ouverte
pendre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d’utile
pour l’oiseau
placer ensuite la toile contre une arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l’arbre
sans rien dire
sans bouger…
Parfois l’oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pás le décourager
attendre
attendre s’il le faut pendant des années
n’ayant accun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l’oiseau arrive
s’il arrive
observer le plus profond silence
attrendre que l’oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un a un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes
de l’oiseau
Faire ensuite le portrait de l’arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l’oiseau
peindre aussi
le vert feuillage et la fraîcher du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêttes de l’herbe dans la chaleur de l’été
et puis attendre que l’oiseau se decide à chanter
Si l’oiseau ne chate pás
c’est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s’il chante c’est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l’oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau
de “Paroles” (1945)


Primeiro pintar uma gaiola
com a porta aberta
pintar depois
algo de lindo
algo de simples
algo de belo
algo de útil
para o pássaro
depois dependurar a tela numa árvore
num jardim
num bosque
ou numa floresta
esconder-se atrás da árvore
sem nada dizer
sem se mexer…
Às vezes o pássaro chega logo
mas pode ser também que leve muitos anos
para se decidir
Não perder a esperança
esperar
esperar se preciso durante anos
a pressa ou a lentidão da chegada do pássaro
nada tendo a ver
com o sucesso do quadro
Quando o pássaro chegar
se chegar
guardar o mais profundo silêncio
esperar que o pássaro entre na gaiola
e quando já estiver lá dentro
fechar lentamente a porta com o pincel
depois
apagar uma a uma todas as grades
tendo o cuidado de não tocar numa única pena do pássaro
Fazer depois o desenho da árvore
escolhendo o mais belo galho
para o pássaro
pintar também a folhagem verde e a frescura do vento
a poeira do sol
e o barulho dos insectos pelo capim no calor do verão
e depois esperar que o pássaro queira cantar
Se o pássaro não cantar
mau sinal
sinal de que o quadro é ruim
mas se cantar bom sinal
sinal de que pode assiná-lo
Então você arranca delicadamente
uma das penas do pássaro
e escreve seu nome num canto do quadro.


Jacques Prévert

quarta-feira, 20 de outubro de 2010

Rappelle-toi Barbara



Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-la
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t’ai croisee rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de meme
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand meme ce jour-la
N’oublie pas
Un homme sous un porche s’abritait
Et il a crie ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie epanouie
Et tu t’es jetee dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m’en veux pas si je te tutoie
Je dis tu a tous ceux que j’aime
Meme si je ne les ai vus qu’une seule fois
Je dis tu a tous ceux qui s’aiment
Meme si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N’oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l’arsenal
Sur le bateau d’Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu’es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d’acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n’est plus pareil et tout est abime
C’est une pluie de deuil terrible et desolee
Ce n’est meme plus l’orage
De fer d’acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crevent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l’eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin tres loin de Brest
Dont il ne reste rien.


Jacques Prévert